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Extraits – Une journée presque ordinaire

“Une journée presque ordinaire” (auto-édition)
Ecrit par Christophe CERRI / Auto-édition
Parution / octobre 2022 !

Synopsis : Jed est devenu aveugle pendant la nuit. Pourquoi, comment… on ne le saura pas, mais une chose est sûre, sa vie vient de changer. Commence alors pour lui, un voyage initiatique des plus caustique, un parcours du combattant rempli d’humour et d’humanité, sur lequel il dessine pas après pas, bosse après bosse, les contours de sa nouvelle vie. Un voyage dans lequel, il emprunte un chemin parsemé de questions sans réponse qui vont le conduire, petit à petit, à interroger l’ensemble de ses croyances.

Extrait 2 – Préface.
“Ancien acteur associatif et militant de terrain autour des questions de culture(s) et de handicap(s), je me suis longtemps posé la question de savoir comment essayer de vous faire comprendre la réalité de ce qu’une personne handicapée pouvait vivre selon son handicap, son quotidien, sa propre perception de sa ou ses différences et surtout du regard que la société porte sur elle. Il m’apparaît aujourd’hui qu’il est impossible de résumer en un modèle unique la multiplicité de nos réalités à toutes et tous, parce que, franchement, je crois qu’aucun ou aucune d’entre nous n’est suffisamment avisé et éclairé pour se mettre totalement à la place de l’autre. Dans la vie, comme dans le handicap, et le handicap c’est la vie, il n’y a pas de vérités absolues, uniquement des épreuves que nous avons eues, devrons ou aurons à dépasser toute notre vie. Mais ne serait-ce pas là le cas de tout le monde en définitive ? Accepter mon impuissance dans ce domaine ne veut pas pour autant dire que je renonce à essayer. J’ai compris que je ne pouvais faire que la moitié du chemin, à vous, si vous en avez envie, de faire l’autre moitié !!”

 

Quelques extraits  !
Difficile pour moi de faire des choix d’extraits. J’ai toujours l’impression d’en dire trop ou pas assez. Alors, j’ai demandé à Fabien Faroux de m’aider à résumer le livre. Merci à toi Fabien !

 

“Le réveil sonne, il est 6 h 45.
J’allume la lumière sur la table de nuit, mais la pièce reste plongée dans le noir. Je m’étais pourtant promis de ne pas picoler un soir de semaine. J’appuie sur l’interrupteur de la salle de bain. Pas de lumière. Plus de doute possible, je suis bel et bien devenu aveugle pendant la nuit ! À mon réveil, j’avais définitivement perdu toute notion de temps ou d’espace.
Je repense au téléphone près du lit et me dis que c’est le bon moment pour le coup de fil à un ami. Un café, j’ai besoin d’un bon café.
Prochaine étape et pas des moindres, m’habiller. J’aime bien les fringues. J’en ai de toutes les couleurs. Aujourd’hui, ce sera du « noir Soulages ». Comment vais-je faire moi maintenant pour m’habiller sans ressembler à un sapin de Noël ? Alors, dans un élan de rage, je craque et prends tout ce qui me tombe sous la main. T-shirt vert, sweat rouge, jean bleu ; deux chaussettes séparées, une vert pomme, l’autre noire… au toucher, elles me paraissent pourtant avoir la même couleur. Je suis habillé comme la dernière des cagoles ! Ça y est, cette fois-ci, me voilà prêt. J’ai besoin d’une canne… le manche à balai ? Et hop, du balai, le balai, te voilà devenu canne pour aveugles, quelle promotion…
Me voilà enfin dehors . Ce monde, Terre sauvage et inconnue qu’il me faut maintenant explorer et sur laquelle, je vais devoir apprendre très vite, à me repérer. J’inspire à pleins poumons une bouffée d’air frais et effectue enfin ce pas dans l’inconnu. Un très petit pas pour l’humanité, mais un pas immense pour moi. Celui du lâcher-prise et de la vie.
Je m’élance alors dans la rue et bute sans retenue contre le premier passant venu. Voilà un nouveau départ qui ne manque pas de percussion ! Je décide de remonter le boulevard sur le bord du trottoir, côté rue. Je vais forcément et à coup sûr, trouver le passage piéton. Dehors, c’est la jungle !!!
Vert. Piéton ! Il est 11 h 47, je traverse enfin la rue. J’arrive sur l’autre rive du Rio Grande.
Une voix me dit : « Ça va ? Tu n’as pas l’air dans ton assiette ». Je sursaute sous l’effet de la surprise. Cette voix me dit bien quelque chose et me parait familière. Pourtant, je n’arrive pas à mettre un visage dessus. Elle me tutoie, on se connaît donc. Devant mon étonnement, la voix reprend : « C’est Maurice, le loufiat du Père Peinard. Ça va ? Tu as l’air tout bizarre aujourd’hui. » Il m’installe en terrasse, m’apporte un café. Voix grave, plutôt profonde. Il parle avec douceur. Il a une pure voix de beau gosse rassurant dans un physique d’ours hirsute. Un vrai tombeur ! Je n’ai jamais vraiment prêté attention aux voix auparavant et je me surprends maintenant à toutes vouloir les écouter autour de moi.
Une autre voix, — Bon alors demi-portion, et cette clope ?
« Demi-portion », la scène me revient instantanément en mémoire. C’est la fille du passage piéton, celle qui galérait en fauteuil.
— Ah ben non, merde ! J’ai dû les laisser ce matin, sur la table de la cuisine avec l’ami Clooney.
— « What Else ! » Tu connais Georges ? C’est pas l’ami Ricoré normalement ? me dit-elle un sourire dans la voix. Ça va ? Tu as l’air bizarre aujourd’hui. Puis esquissant un geste, elle dit : attends, bouge pas, j’en ai en fait. Déjeuner trop arrosé ? Le soleil t’a tapé sur la tête on dirait !? Il a pourtant trop la classe ton galure !
Après un moment plus ou moins long de silence, je prends mon courage à deux mains pour tenter, le plus tranquillement possible, de lui répondre. La voix chevrotante et en tremblant de tout mon être, je dis :
— Si seulement… Non, j’ai perdu la vue cette nuit. Je ne vois plus rien… Perdu du jour au lendemain… D’un coup… Un vrai truc de ouf !
— Ah merde ! C’est vraiment pas ton jour de chance ! Tu ne vois plus et tu as paumé tes clopes. Fucking day ! Ça va, détends-toi, on est entre nous maintenant. T’inquiète pas, je sais par quoi tu passes. Et puis surtout, va quand même vraiment falloir que tu fasses gaffe à tes fringues, parce que là c’est carrément nawak. Tu postules pour entrer dans La Compagnie Créole ? Tigadigada tigaigadidam ohé, ohé !
Maurice dépose sur le plateau de la table deux demis et un bol de cahuètes. Dans la salle du « Père Peinard », un hommage à « Un air de famille » d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, la sono diffuse « State of shock » de The Ex, l’un de mes groupes préférés. Un titre de circonstance…”

 

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